Gonzague Saint Bris est l’auteur de plusieurs biographies. Celle-ci s’attache à réaliser celle du célèbre et sulfureux marquis de Sade. Gonzague Saint Bris prend tout d’abord, en tant que gentilhomme chrétien, un certain recul par rapport au personnage dont il se veut faire la biographie. Sans conteste Sade est l’auteur de nombreuses perversions absolument critiquables et condamnables. Néanmoins ce livre réhabilite Sade, ou du moins nous montre que Sade est aujourd’hui réhabilité. Nous vivons en effet une époque moderne libérale, où les excentricités de Sade sont devenues à présent des choses presque normales ou logiques. Sade devient ainsi un personnage moderne en avance sur son temps, car favorable à l’avortement (de tous les enfants par leurs parents, même une fois adultes), ouvert à l’homosexualité, relativiste, en faveur du divorce, de la liberté de la femme, de la prostitution, contre la peine de mort, etc… D’autre part, Sade a passé la majorité de sa vie en prison. Il y écrit des livres où les dépravations sexuelles qu’il décrit sont certainement pires que ce qu’il a pu vivre en réalité. Ses écrits étant une vie rêvée alors qu’il était enfermé. Il se trouve de plus que ses œuvres, par leur qualité littéraire,…
Little Brother de Raphaël Enthoven est un ensemble de courts chapitres – on pourrait presque dire de nouvelles – portant chacun sur un thème particulier. Raphaël Enthoven, professeur de philosophie à Sciences Po et à l’école Polytechnique, y fait à chaque fois preuve d’humour, au travers de la réflexion philosophique, sur des sujets du quotidien et de l’actualité contemporaine. Ainsi sont abordés des thèmes comme les voisins vigilants, c’était mieux avant, mais aussi les quenelles, les mouches des urinoirs pour pisser droit, ou la fin du monde et les zombies. Chaque article est précédé de sympathiques citations. On remarquera notamment près de Louis Ferdinand Céline et Roland Barthes, le regretté Philippe Muray. Bien qu’écrits dans un langage châtié, ces textes sont très agréables à lire et apportent une fraîcheur et une gaîté face au monde contemporain si déroutant et absurde souvent, coincé dans ses contradictions. Merci à Raphaël Enthoven pour nous égayer avec ces joyeux conformistes.
Ce roman se lit parfaitement indépendamment de Frontière Barbare dont il est la suite. Au travers de l’humour, de l’absurde et de la science-fiction, Brussolo nous fait voyager dans un monde haut en couleur, exubérant et fou, en compagnie de David Sarella, quinquagénaire rajeuni et seule personne à peu près normale dans cet univers dominé par le clone du pape Nothanos III, des entités divines égoïstes, et une bizarre planète sauvage et inhabitable. Anges de fer, paradis d’Acier est, on le devine, une satire de l’époque contemporaine où les égoïsmes individuels encouragent à vouloir sans limite tout et n’importe quoi. Ainsi on s’amuse beaucoup de ces jeunes adolescents auxquels une nouvelle loi permet de vieillir prématurément pour ne pas avoir à subir le diktat de leurs parents adultes, ou de ces transformistes qui souhaitent, au nom de leur droit personnel, devenir arbre millénaire ou chute d’eau. L’église et le pape décrit par Brussolo ne sont pas chrétiens, mais chacun et en particulier les chrétiens saura apprécier les plaisanteries de bonne guerre sur l’église du Pardon Universelle Intergalactique. Nous vivons une véritable époque d’égoïsme et de folie. Cette folie a de quoi faire perdre ses repères. Brussolo a su magnifier notre…